L’éducation d’Emma Bovary

 

L’éducation d’Emma Bovary: lettura e comprensione.

Le passage se situe dans la première partie du roman. Charles a déjà été introduit et a épousé Emma. Flaubert fait un retour en arrière sur l’éducation d’Emma au couvent et évoque ses lectures.

Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l’archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes sœurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s’échappaient de l’étude pour l’aller voir.

Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu’elle chantait à demi voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu’elle avait toujours  dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne.

Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes.

Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s’éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir.

Flaubert, Madame Bovary (1857)

 

Activité de compréhension

  1. En quoi l’emploi de l’imparfait nous renseigne-t-il sur l’univers d’Emma Bovary?
  2. Relevez quatre comparaisons et expliquez leur emploi dans le texte.
  3. Analysez l’emploi du pronom personnel indéfini « on ».

 

Questionnaire

  1. En quoi l’énumération de ces lectures nous offre-t-elle un portrait psychologique d’Emma?

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  1. Quel est le registre de ce passage? Quelle est sa fonction?

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  1. Comment, d’après cet extrait, pourrait-on définir le terme « bovarysme » ?

Vous pouvez proposer plusieurs hypothèses (en les justifiant).

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